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Marketing inclusif : exemples et plan d’action avec Léa Niang

Cet article est le transcript et les ressources de l'épisode 35 du podcast Slow Marketing. 🎧 Voici le lien pour écouter l'épisode ! 📮Abonne-toi à la Newsletter pour ne rien louper des prochains épisodes !



“La diversité, l'inclusion, et notamment une plus grande représentativité dans la communication et la publicité, ont montré qu'elles généraient plus de chiffre d'affaires et de ventes.”

Dans cet épisode captivant, nous parlons du monde de la communication inclusive avec l'experte Léa Niang. Consultante et formatrice en communication inclusive, Léa partage son parcours, ses motivations et les impacts marquants du sexisme et du manque de diversité dans le marketing.


🔍Questions clés de l’épisode:

  • Quels sont les impacts les plus marquants du sexisme et du manque de diversité dans le marketing sur la société?

  • Des exemples concrets de campagne de marketing qui ont vraiment réussi briser ces stéréotypes de genre et à promouvoir une plus grande représentativité.

  • Comment accompagner ses clients vers la communication inclusive ?

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#37 - Marketing inclusif : exemples et plan d’action avec Léa Niang


Les ressources


Le transcript

Avant de plonger dans notre sujet, pourrais-tu nous en dire un peu plus sur toi et justement sur comment tu concilies tes compétences professionnelles et tes convictions personnelles en matière de communication inclusive?

Je m'appelle Léa Niang, pour me présenter simplement. Je suis consultante et formatrice en communication inclusive. Ça veut dire que j'accompagne et je forme les communicants et communicantes, et les futures pros de la communication, à mieux intégrer les diversités dans leur manière de faire de la communication. C'est le métier en lui-même, c'est une manière de combiner mes convictions personnelles et mes compétences professionnelles. Parce que, il faut savoir que je me suis lancée à mon compte il y a à peu près six ans maintenant. Mais ça fait seulement trois ans que je suis spécialisée en communication inclusive. Donc après trois ans dans le marketing digital assez classique, j'ai ressenti vraiment le besoin de faire infuser un peu plus ces idées autour de la diversité, de la justice sociale, du féminisme dans ma manière de faire mon travail, et de là est née cette activité.


As-tu le souvenir d'un déclic ou d'un moment fort où t'as vraiment décidé de basculer sur cette spécialisation ou pas?

Je bossais pour un client. Bon, je vais évidemment pas dire qui c'est, mais c'est un client qui avait pour le coup une audience assez jeune. Il y a eu deux moments de un peu de friction. Le premier moment, c'est quand le client a refusé d'utiliser l'écriture inclusive, ce qui est une polémique récurrente, donc à la limite que je peux comprendre. Mais le deuxième, c'est quand il a refusé d'utiliser des photos de garçons avec les cheveux longs, parce qu'il considérait que les garçons, ça n'a pas les cheveux longs. Et là, j'ai vraiment réalisé que dans l'esprit de beaucoup de communicants et communicantes, il y avait encore des stéréotypes, notamment genrés très ancrés, et que c'était ma responsabilité, et à plus grande échelle, la responsabilité des pros de la com de s'emparer de ces sujets-là.


J'aime toujours bien avoir le contexte du moment du déclic parce que souvent ça en dit long sur le projet et même les intentions qu'on a derrière. Dans cette lignée, selon toi, c'est quoi les impacts les plus marquants du sexisme et du manque de diversité dans le marketing sur la société?

Je pense qu'il y en a plusieurs et il y en a à plusieurs échelles. Le premier, c'est que, comment dire ça... Déjà, ça contribue à faire vivre ces stéréotypes-là. On le sait, notre manière de nous construire et de concevoir le monde et la société, c'est beaucoup alimenté par tous les messages qui nous sont envoyés en permanence. Donc que ce soit, je ne sais pas, les livres qu'on lit, les films qu'on regarde, et les pubs du coup, qu'on voit passer en permanence à la télé notamment, et sur nos téléphones, du coup, c'est une manière assez inconsciente de Ben de continuer à propager ces stéréotypes-là, de ne jamais les questionner.

Après, je pense qu'il y a aussi un deuxième sujet qui peut-être est à un niveau un peu plus individuel, même si ça a des répercussions niveau sociétal, voire j'ai envie de dire systémique. C'est que, quand on ne fait pas l'effort de diversité et quand on ne sort pas de la norme et des manières normées de représenter les gens, euh, ben les gens ne se sentent pas concernés, ne se sentent, euh, comme, enfin, se sentent justement exclus de la norme, se sentent trop différents ou différentes pour être pris ou prises en compte. Ça, ça a des conséquences sur la santé mentale, ça a des conséquences sur la manière de se projeter dans certaines opportunités, des opportunités de carrière par exemple, des opportunités économiques, mais aussi des opportunités un peu plus... je sais pas moi, de, de je dis n'importe quoi... Mais euh, la manière, par exemple, dont les entreprises autour du sport représentent systématiquement le même type de personne : blanche, mince, valide. Implicitement, ça exclut toutes les autres personnes qui ne rentrent pas dans ces cases-là du monde du sport et de l'activité sportive. Et cetera, ça, ça concerne tout un tas de secteurs. Donc je dirais à deux échelles, pour résumer, le fait que ça contribue à renforcer des stéréotypes déjà très présents, et à une seconde échelle, le fait que ça exclut et que ça fragilise des personnes qui ne se sentent jamais représentées.



Je trouve ça super intéressant. Il y a pas longtemps, j'ai entendu une intervention de Thomas Burbidge qui a un podcast notamment sur l'entrepreneuriat et le freelancing, et qui utilise le féminin neutre, ou en tout cas l'écriture inclusive, dans sa manière de présenter. Mais souvent, enfin, il a tendance tout féminiser. Et donc, il expliquait dans cette intervention que c'était logique parce que la majorité de son audience était féminine. Ça c'était le premier point, et que le deuxième, à partir du moment où il a vraiment fait le choix d'utiliser ce féminin neutre, il a eu des retours super d'auditrices disant "merci", parce qu'en fait je me rendais pas compte à quel point, quand on disait tout le temps "les auditeurs", "chers auditeurs", et cetera, je me sentais pas autant concernée que quand on dit "les auditrices". Et ça je trouve ça vraiment intéressant. D'ailleurs, l'exercice inverse existe aussi. Je l'avais fait dans un post LinkedIn de féminiser plein de phrases assez connues, de citations et de dire "lecteur masculin, comment est-ce que vous ressentez par rapport à ces phrases-là, est-ce qu'elles raisonnent autant que quand elles étaient en masculin ?

Le fait de féminiser, donc d'utiliser ce qu'on appelle l'accord de majorité, en utilisant le féminin quand il y a plus de femmes que d'hommes, c'est une bonne manière de se rendre compte à quel point le masculin neutre est omniprésent. Pour rebondir sur ce que tu disais et sur les retours de la communauté de Thomas, toutes les études sont unanimes là-dessus, que ce soit en sociologie, en psycholinguistique, etc. Notre cerveau a tendance à évoquer des représentations masculines quand on utilise le masculin neutre. Par conséquent, les femmes qui lisent du masculin neutre se sentent inconsciemment beaucoup moins concernées, moins impliquées dans le message qu'on essaie de leur transmettre. Donc, expliciter le féminin, c'est une manière d'inclure, en tout cas selon ces études.


Dans une de tes newsletters, j'avais noté que tu parlais du sujet de l'inclusion washing donc comme on était dans cette thématique et pink washing etc… Est-ce que tu peux nous expliquer vraiment ce qu'est ce phénomène et et comment on peut le le détecter ?

L'inclusion washing, ou le phénomène d'inclusion, est un terme plus large que celui que j'ai évoqué précédemment. C'est une stratégie adoptée par les entreprises qui cherchent à améliorer leur image en se présentant comme inclusives et diversifiées, sans réel engagement ni action concrète en interne.

Pour illustrer cela, prenons l'exemple d'une entreprise qui recrute des employés issus de minorités pour montrer son engagement en faveur de la diversité. Cependant, en réalité, aucune mesure n'est mise en place pour garantir l'intégration et l'épanouissement de ces employés au sein de l'entreprise. Cette pratique, appelée "inclusion washing", est une tentative de se prémunir contre les accusations de discrimination en montrant simplement des actions superficielles d'inclusion, sans réel investissement dans la création d'un environnement inclusif et respectueux.

C'est une stratégie à court terme qui ne résout pas les problèmes structurels d'exclusion et de discrimination au sein de l'entreprise.


Et en tant que marque ou entreprise, comment est-ce que je peux faire pour activement promouvoir une représentation qui soit plus diversifiée et donc lutter contre le sexisme entre autres. Dans mes stratégies marketing, sans non plus tomber dans des clichés ?

Il y a en fait plusieurs outils que les marques ou entreprises peuvent utiliser. Comme on en parlait précédemment, l'un des premiers outils est le langage. Le fait d'expliciter les formes féminines, non seulement au niveau du cerveau, permet aux femmes de se sentir plus concernées, plus impliquées et aussi plus... Il y a donc de nombreuses études qui montrent, par exemple, que sur les offres d'emploi, lorsque l'on utilise une forme inclusive, l'image renvoyée à une femme qui veut candidater est plus accueillante, elle se sentira plus en sécurité, et ainsi de suite. Donc, cela a une conséquence directe.

Une deuxième méthode serait de varier les représentations visuelles. Quand je dis varier, il s'agit évidemment de représenter plus de femmes ou de personnes différentes, mais aussi de faire attention à bien les représenter. Car ce n'est pas seulement une question d'ajouter, comme dans les publicités Benetton, une sorte de catalogue de toutes les diversités. Il est également crucial de faire attention à la façon dont ces diversités sont mises en scène.

Je ne sais pas, par exemple, si dans nos publicités, nous faisons un effort pour représenter autant de femmes que d'hommes. Il faut veiller à ce que ce ne soit pas toujours l'homme qui soit dans une position d'expert, et que les femmes aient un temps de parole similaire à celui des hommes. Ce n'est pas seulement une question de quantité, mais aussi de qualité.

Le meilleur moyen, de toute façon, pour mieux représenter, c'est de diversifier ses équipes tout simplement. Ce n'est peut-être pas très simple, mais le fait de mettre des personnes différentes autour de la table et d'impliquer des personnes différentes dans un processus créatif permet de voir les choses un peu plus facilement. Cela apporte des expériences différentes, des points de vue différents, des conceptions différentes, et bien d'autres choses. Pour moi, c'est une première étape très importante.


Est-ce que tu as des exemples concrets de de campagne de marketing qui ont vraiment réussi à briser ces stéréotypes de genre et à promouvoir une plus grande représentativité ?

Bien sûr, j'aimerais te donner trois exemples :

Tout d'abord, à l'échelle internationale, les marques Fenty de Rihanna sont un excellent exemple. Elles sont vraiment très engagées en matière de diversité. Non seulement elles représentent différents types de femmes, avec des ethnies différentes, des morphologies différentes, des âges différents, mais elles incluent également des femmes en situation de handicap. On est vraiment plongé dans la diversité avec cette marque, même au niveau des influenceurs et influenceuses avec qui ils travaillent. C'est tout un écosystème pensé autour de la diversité, de l'inclusion, de la représentativité. La marque a été fondée sur cet ADN et cela remet en question la notion même du genre, avec de plus en plus de personnes issues de la communauté LGBT qui remettent en question ce genre binaire.

Ensuite, un exemple en Europe serait une campagne de Heineken datant de 2022, qui essayait de remettre en question les stéréotypes autour du genre. On voit dans cette campagne plusieurs couples lors d'une soirée. Ce sont des couples hétéro à chaque fois, mais le serveur systématiquement sert le cocktail à la femme et la bière à l'homme, puis on les voit échanger à chaque fois. Le message final de la campagne était : "Les femmes aussi boivent de la bière". C'est une manière subtile de mettre en lumière des petits stéréotypes genrés que l'on retrouve dans le quotidien.

Enfin, un exemple français que j'adore est la marque Moodz, qui s'adresse à Moodz. Moodz est une marque de culottes menstruelles qui sort de la binarité de genre en incluant notamment les personnes trans, en s'adressant spécifiquement aux hommes trans qui ont aussi leurs règles et peuvent donc utiliser ces culottes menstruelles. La marque accorde une grande place à ces personnes trans dans leur campagne de communication, ce qui est vraiment inclusif et novateur.


Trouves-tu que, parfois, on pourrait aussi la retourner dans le sens où ils vont utiliser ce sujet pour vendre plus de bière pour ouvrir un marché féminin. Un peu comme du pink washing ?

Je comprends ton point de vue, mais en même temps, les entreprises sont là pour vendre. La diversité, l'inclusion, et notamment une plus grande représentativité dans la communication et la publicité, ont montré qu'elles généraient plus de chiffre d'affaires et de ventes. Donc, en même temps, je pense qu'elles seraient un peu bêtes de se priver de ça.

Maintenant, la vraie question c'est : est-ce que cela est suivi par des actions concrètes au niveau des ressources humaines, du management, des produits, de la production, de la distribution, etc. Cela doit s'inscrire dans tout un écosystème réfléchi autour de ces questions.

Concernant le "washing", je ne sais pas si cette opinion est partagée par beaucoup de mes confrères et consœurs. Personnellement, je ne suis pas systématiquement contre le "washing". Je pense que, même quand c'est le cas, c'est important de soulever la critique et de rester vigilant sur le fait que oui, c'est du "washing". En revanche, je pense que ce genre de message peut atteindre des personnes qui autrement n'auraient pas du tout été sensibilisées à ces questions. Donc, dans une moindre mesure mais quand même, cela peut avoir un impact positif.

Je suis plutôt de l'avis de planter des graines. Parfois, quand une entreprise comme Amazon sort une pub géniale du point de vue de la diversité et de l'inclusion, cela peut quand même amener des choses positives, même s'il faut continuer bien sûr à critiquer tout ce qui se passe en coulisse.



Ça permet aussi de d'amener ces débats et ces discussions en dehors de nos cercles militants où on est un peu d'entre soi et où on ne va pas forcément atteindre le grand public en fait sur sur ces sujets là. Je voulais rebondir sur la marque Fenty, tu parlais de la diversité de la remise en question du genre mais je trouve que ce qui est intéressant sur leur campagne c'est la diversité en âge. Tu vois des produits cosmétiques et cetera et ça me fait vraiment penser au livre Sorcière de Mona Chollet où justement elle parle de la place de la femme de plus de cinquante ans, à partir du moment où on a des cheveux blancs, des traces de vieillesse et cetera, on n'existe plus en tant que que personne en tant qu'individu et qu'on est relégué dans une catégorie un peu de outcast sorcière justement. et je trouve que typiquement la marque Fenty a vraiment travailler l'inclusion de tous les âges. Comment est-ce que tu accompagnes tes clients sur la communication inclusive? Comment est-ce que tu les conseilles par rapport au sujet d'éviter le l'appropriation culturelle.

C'est un vaste sujet en effet. L'appropriation culturelle, pour rappel, c'est quand une culture prend des éléments d'une autre culture pour les utiliser à son profit de manière souvent détournée ou peu respectueuse. Il est important de préciser qu'il y a une différence entre l'appropriation culturelle et l'appréciation culturelle. On peut apprécier les éléments d'une culture sans en tirer profit, que ce soit financièrement ou pour améliorer son image. De plus, pour qu'il y ait appropriation culturelle, il faut qu'il y ait une relation de domination entre les deux cultures.

Donc, pour éviter l'appropriation culturelle, la première question que je pose souvent est : est-ce que la culture que l'on essaie de mettre en avant a vraiment besoin de nous pour exister et être visible ? Souvent la réponse est non. Cela peut parfois relever du comportement qu'on appelle "White Saviorism", où une personne blanche veut absolument intervenir et apporter son aura pour mettre en avant des cultures minorisées, ce qui n'est souvent pas nécessaire.

Maintenant, si l'on estime que c'est vraiment nécessaire, la manière de ne pas faire de l'appropriation culturelle est d'impliquer la culture concernée. Il ne faut jamais agir seul, le minimum étant de rétribuer cette culture dont on s'approprie les éléments, que ce soit financièrement, en termes de main d'œuvre, etc. Le mieux est quand même d'impliquer directement la culture ou des personnes issues de cette culture pour leur demander leur avis, leurs besoins, et discuter de la mise en œuvre.

Encore une fois, je pense que dans le domaine de la diversité et de l'inclusion, rester dans l'entre-soi est le plus grand danger. Il est contre-productif de rester uniquement entre personnes qui se ressemblent et qui ont les mêmes points de vue et expériences sur le monde. Donc, il est vraiment essentiel d'impliquer les personnes concernées dans tout processus de communication inclusive.


Je comprends totalement, c'est un sujet délicat. J'ai eu à gérer un cas similaire avec un client, un groupe de studios de yoga. Il y a toute une dimension de contenu et de business qui touche au spirituel et qui a une forte connotation culturelle qui n'est pas la nôtre. C'est vraiment intéressant de rappeler cela, car aujourd'hui les frontières sont parfois floues. Le yoga est maintenant marketé comme une activité comme une autre en Occident, et c'est un terrain complexe à naviguer. Il est important de prendre en compte cette dimension, de se demander comment revenir aux origines, aux sources, et de ne pas juste vendre notre business sans reconnaître l'apport d'autres cultures.

Justement, sur la question du yoga, je peux recommander une personne à suivre, Pulan Devii sur Instagram. Peut-être que nous pourrions mettre son nom et son profil dans les ressources de l'épisode. Elle s'interroge beaucoup sur la question de l'appropriation culturelle dans le yoga, étant d'origine indienne. Elle accompagne spécifiquement des professionnels du yoga pour éviter de tomber dans l'appropriation culturelle, en pratiquant le yoga d'une manière qui respecte cette pratique ancestrale indienne.


J'aimerais revenir sur le deuxième rapport sur le sexisme dans la publicité française qui est sorti il y a quelques mois mais qui a révèle vraiment des tendances préoccupantes. C'est-à-dire que la situation ne s'arrange pas. Quelle a été ta réaction face à ces constats et quelle solution envisages-tu?

Ma réaction face à ces constats a été un mélange de colère et de découragement, honnêtement. En tant que militant·e, travailler dans ce secteur et constater que les avancées se font à une vitesse extrêmement lente est frustrant. Les conclusions de ce rapport sur le sexisme dans la publicité française sont préoccupantes : les femmes sont toujours représentées de manière stéréotypée, dénudées, peu mises en valeur.

Mon plan d'action face à cela ne change pas : continuer à planter des graines, sensibiliser, conseiller, et aussi "call out" quand je vois des choses inacceptables sur les réseaux sociaux. Cela peut être difficile à faire car les retombées ne sont pas toujours agréables. Mais je pense que c'est important de signaler ces comportements. D'ailleurs, peut-être que les auditeurs et auditrices connaissent le compte "Pépite Sexiste" sur Facebook, qui recense les cas de sexisme dans la publicité, que ce soit en ligne ou à la télé. Ce compte est assez efficace, car dans environ soixante pour cent des cas, les marques s'excusent et corrigent le tir.

C'est une bonne manière de faire, mais en même temps, c'est décourageant de constater qu'en 2024, les choses ne bougent pas beaucoup.


Récemment, je suis tombée sur une campagne au cinéma pour un organisme belge appelé le Jury d'Éthique Publicitaire (JEP.be) qui a mis en place un formulaire de plainte. La campagne disait en substance : "Vous voyez une publicité qui vous a choqué pour telle ou telle raison ? Vous pouvez nous contacter et nous nous occuperons des démarches." Je trouve que ce type d'initiative devrait être présent partout, dans tous les pays, car c'est vraiment crucial.

En France, je crois qu'il existe quelque chose de similaire. En ce moment, il y a beaucoup de discussions notamment après une déclaration choc sur CNews hier, je pense, concernant l'avortement. Nous avons la possibilité de signaler des séquences médiatiques problématiques. Je ne suis pas certaine si l'on peut aussi signaler des publicités à caractère sexiste, mais je pense que oui, cela devrait être possible.


Comment est-ce que tu pourrais conseiller une une entreprise, une marque qui voudrait s'engager dans une communication plus inclusive ? Par où commencer ? Et quels seraient les premiers pas ?

Le premier conseil que je donnerais à une entreprise ou une marque qui souhaite s'engager dans une communication plus inclusive, c'est de commencer par se former. Je pense qu'il est essentiel de se sensibiliser à la communication inclusive et plus généralement au secteur de la diversité et de l'inclusion. Cela concerne un large éventail de sujets et de branches sur lesquels il faut se renseigner.

Si on n'a jamais lu sur les questions d'anti-racisme, d'anti-sexisme, ou de LGBT-phobie, on ne peut pas savoir sans se former. Donc, se former, que ce soit de manière individuelle ou en faisant appel à des spécialistes, est une première étape cruciale.

Ensuite, la deuxième étape serait de réaliser un audit. Quand je parle d'audit, je parle non seulement d'un audit de nos contenus. Cela signifie prendre tous les contenus que nous avons produits au cours de la dernière année, que ce soit du contenu écrit, visuel, les événements que nous avons organisés, et évaluer dans quelle mesure nos contenus sont inclusifs ou non.

Mais c'est aussi faire un audit de tout notre écosystème : avec qui travaillons-nous, quelles agences collaborent avec nous, comment sont composées nos équipes, qui sont nos distributeurs, nos clients finaux, etc. Il s'agit d'évaluer si dans notre manière d'aborder le marché, nous avons des biais. C'est vraiment faire un audit complet pour identifier où se situent nos biais, car ce sont eux qui nous empêchent d'atteindre une représentativité authentique, juste et pertinente.

En résumé, les premiers pas vers une communication plus inclusive seraient de se former et de réaliser un audit complet de notre écosystème pour identifier et corriger les biais qui pourraient exister. Et bien sûr, continuer à se former et à s'informer sur ces sujets est une démarche continue et essentielle.


En termes de formation, as-tu des ressources que tu recommanderais ?

Bien sûr, je peux recommander quelques ressources, que ce soit des podcasts, des formations, ou des livres, même si j'espère que vous me permettez de parler un peu de mes propres formations :

  1. Formations :

  • Je propose des formations sur le langage inclusif, ainsi que des formations plus générales sur la communication inclusive, généralement développées sur mesure avec mes clients.

  1. Comptes Instagram :

  1. Livre :

  • "Féminisme Washing" par Léa Lejeune : Un livre intéressant sur le féminisme et le concept de "washing".

En complément, je recommande d'explorer les féminismes intersectionnels, en particulier les féminismes afroféministes. Voici quelques ressources pour commencer, mais la liste peut être complétée.


Léa, quand tu entends Slow marketing tu penses à quoi?

Quand j'entends "Slow Marketing", je pense au fait de ralentir. Cela évoque pour moi le respect accru de notre environnement, et lorsque je parle d'environnement, je pense à la planète, mais aussi aux personnes. Cela me fait beaucoup penser à la santé mentale, surtout dans une société où tout va très vite et où l'on peut parfois se sentir dépassé par les événements.

Je crois qu'il est important de ralentir, d'adopter des pratiques qui nous permettent de prendre soin de nous-mêmes, même dans le domaine du business. C'est une approche qui considère que le bien-être, que ce soit personnel ou environnemental, est une priorité, et que cela peut se refléter dans nos actions marketing.


Pour finir, si tu devais recommander une action à tous et toutes les marketeurs·euses qui nous écoutent pour justement mettre en place des campagnes, des stratégies marketing qui soient plus inclusives qu'il y ait plus de diversité, ça serait quoi?

Je pense que l'action la plus simple mais aussi la plus impactante serait de s'ouvrir à d'autres perspectives. Donc, une première étape serait de suivre cinq comptes Instagram de personnes qui ne nous ressemblent pas du tout, voire qui ont des opinions qui nous dérangent et qui nous mettent dans l'inconfort. Cela peut être une manière efficace de commencer à diversifier notre vision du monde et de comprendre des expériences différentes des nôtres.

Ensuite, je recommanderais également de diversifier nos équipes et nos collaborations. Cela peut passer par recruter des personnes aux parcours variés et aux points de vue différents, mais aussi par travailler avec des agences, des consultants ou des créateurs de contenu issus de communautés sous-représentées. Cette diversité de perspectives se reflétera naturellement dans nos campagnes et nos stratégies marketing.

En somme, l'idée est d'aller au-delà de notre propre bulle et de notre zone de confort pour embrasser la diversité et l'inclusion dans nos pratiques marketing.


Léa, merci beaucoup pour cette conversation et toutes ces ressources qu'on ajoutera dans l'article qui accompagnera cet épisode. Du coup, si on veut aller plus loin et te suivre C'est quoi le meilleur moyen de de rester en contact avec toi?

Vous pouvez me suivre sur LinkedIn en cherchant "Léa Niang", ou sur Instagram @leaaniang. N'hésitez pas à me suivre pour rester en contact et continuer à explorer ces sujets ensemble. Merci beaucoup pour cette conversation.





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